La vague des néo-céramistes

Elles s’appellent Saint Sauveur Paris, Atelier Murmur, Atelier Candy Vitrac et sont allées à la source trouver leur inspiration pour imaginer une nouvelle façon de faire de la céramique. “Avec le retour à la terre, on est en plein dans la tendance slow life”, remarque Virginie de Klin d’Œil. Avec sa sœur, Émilie, elles sont à la recherche de talents pour exposer dans leur Supermarkets (une sorte de grande vente arty) et leur nouvelle boutique du 11e parisien. Largement inspiré par les courants venus d’Amérique et du Danemark (avec des gens comme Tortus ou Ditte Fischer), le retour à la céramique s’intensifie sérieusement.

“Il y a eu une grande mode de la mélamine, puis de l’émail. Aujourd’hui, on revient à la matière originelle : la terre”, constate Caroline Gomez. La designer avoue travailler plus la partie texture que les formes qu’elle aime simples et utiles même si elle s’applique à les rendre contemporaines. “Il y a plein de choses à réinventer. Moi, je construis mes créations comme des histoires. Je travaille sur l’émotion”, enchaîne Fanny Richard, la créatrice d’Yfna qui a imaginé sa dernière collection en s’inspirant de la lune. À chacune sa technique  !

Le courant arty

Vous avez sûrement déjà remarqué les “Amis” d’Aurélie Dorard, des petits récipients en grès émaillé sur lequel elle a esquissé un visage. Une façon de personnifier ses petits gobelets au quotidien. Tout est fait main dans son atelier à Bagnolet. “La céramique avait une image un peu poussiéreuse. Aujourd’hui, une nouvelle génération la réinvente et un nouveau public la redécouvre”, souligne-t-elle. Résultat, ses créations passent les frontières et se retrouvent aussi bien dans un magasin de déco que dans un concept store de mode. Car désormais on parle plus d’art de vivre globale que d’accessoires de décoration. Tout se mélange, un savant mixe entre art, lifestyle et art de la table. Ainsi, on aime les bols Quartz facettés à la main de Pia Van Peteghem. La céramiste a aussi imaginé le bol Mademoiselle M tout en rondeur, en forme de sein. Il s’inspire d’un modèle classique qu’elle a revu à la sauce pop. Dans son atelier au Kremlin-Bicêtre, elle donne aussi des cours pour petits et grands qui connaissent un vrai succès. “Avec la céramique, on apprend la patience et l’humilité. Dans cette démarche du slow made, on respecte le temps. On est à contre-courant de notre époque qui incite à toujours aller plus vite et c’est peut-être ce qui séduit autant”, explique-t-elle.

 

Délicats bijoux

Les bijoux en porcelaine ont pris un sérieux coup de jeune. Travaillés avec du métal doré et des formes géométriques, ils sont épurés chez Yolaine Giret. Chez Nach Bijoux, la porcelaine, c’est une affaire de famille. Les deux sœurs toulousaines, Nadia et Nancy Koch, ont lancé en 2011 leur marque inspirée par leur père qui possède une entreprise de fabrication de miniatures en porcelaine. Peints à la main, leurs bijoux revisitent le bestiaire avec humour. Stars toutes catégories, leurs grosses bagues en forme de têtes d’animaux se déclinent en pas moins de 230 bestioles ! Chez Marion Vidal, les bijoux sont plus architecturés avec une constance pour les sphères. Qu’il s’agisse de ses fameux colliers à grosses boules ou de ses boucles d’oreilles, tout est fabriqué à la main par un céramiste Italien. Le secret de son succès ? “Je n’utilise pas la céramique comme un artisan mais plus comme une styliste de mode. Je les sculpte et du coup cela leur apporte de la modernité. Je suis pour le retour à la matière, mais à condition que l’on y mette les formes !”

Photo : nach bijoux

Enquête : Marie-Anne Brushi