Potager urbain : quand le végétal s'invite en ville

Par la rédaction Marie Claire idées
jardin en rooftop
La "ville-ferme"? Rêve ou réalité. Mode ou tendance de fond ? L'agriculture s'urbanise et la ville se végétalise, voici un tour d'horizon !

L’agriculture urbaine, d’où cela vient-il ?

En 2050, presque 70?% de l’humanité vivra en ville, un fait sans précédent dans l’histoire, qui devra relever le double défi de la ressource énergétique et alimentaire. Planter en ville, ce n’est pas nouveau. L’idée resurgit périodiquement en temps de crise. Pendant l’Occupation, on plantait des champs de poireaux dans la cour du Louvre. Aujourd’hui, deux tendances cohabitent afin d’imaginer une ville autosuffisante et plus écologique. L’une technophile, rêve d’une ville futuriste se nourrissant grâce à des fermes verticales et l’autre, communautaire, propose une démarche à petite échelle et non marchande. Marie Dehaene, ingénieur en paysage et consultante en agriculture urbaine, situe l’origine de cette seconde approche “dans l’esprit des jardins partagés apparus aux États-Unis dans les années 70. Aujourd’hui, ils fleurissent partout en France avec le concours des municipalités et des citoyens”.

Planter en ville, une démarche citoyenne

De nombreuses villes ont mis en œuvre des actions. À Paris, la charte “Main Verte” a permis l’installation de quatre-vingts jardins partagés, qui ont investi friches, pieds d’immeuble et trottoirs. à Besançon, quinze foyers ont accueilli, chacun, deux poules pendant trois mois, bilan 365?kg de déchets ont été donnés à manger aux volatiles. à Nantes, du 4 au 20?avril, les habitants étaient invités à fleurir leur rue, grâce aux cinq milles sachets de graines distribués par la mairie. Pour ces néojardiniers, planter, c’est aussi créer du lien social, réunir les générations et transmettre un savoir. Pour Nadia Miri, présidente de l’association “Graine de Partage”, qui possède trois jardins dans le douzième arrondissement de Paris, c’est même l’essentiel. L’un de ces jardins est situé au cœur de l’hôpital des Quinze-Vingts. Il a été imaginé par les enfants de l’école située en face de l’hôpital avec un groupe de personnes non-voyantes.

Vidéo du jour

Depuis 2011, enfants et résidents de l’hôpital cultivent ensemble. Autre initiative dans le douzième arrondissement, le jardin “Santerre”, qui a été le premier jardin partagé, à Paris, à mettre en place un système de compostage collectif en 2008. à ce jour, quatre-vingts foyers compostent et trois poules sont arrivées pour compléter le recyclage des déchets domestiques. Quatorze familles se relaient pour nourrir les volailles et récoltent, en échange, des œufs frais.

Comment participer ou créer un jardin potager?

Beaucoup de communes soutiennent ces projets, soit en proposant des terrains, soit en apportant un cadre juridique. L’association “Graine de jardins” anime le réseau régional des jardins partagés d’Île-de-France et valorise leurs initiatives en créant du lien avec des ateliers, des cours et des manifestations. Pour créer un jardin partagé en Île-de-France, il faut se constituer en association loi 1901 et souscrire une assurance à responsabilité civile. Une convention de mise à disposition d’un terrain accorde le propriétaire et l’association. Plus spontanément, il arrive que les habitants d’un immeuble, comme l’association des Habitants du 179 rue de Charonne, dans le onzième arrondissement, à Paris, décident de prendre en main l’arrière de leur bâtiment, de le nettoyer pour planter fleurs et légumes. Aujourd’hui, les adhérents se partagent parcelles collectives et individuelles. Pour participer à un jardin partagé, il faut adhérer à l’association qui le gère, respecter son esprit et surtout s’investir avec régularité.

Si je plantais sur mon balcon ou ma terrasse?

Si vous avez un espace approprié, vous pouvez vous lancer en solo. Guillaume Verdegay, paysagiste spécialiste dans l’aménagement de mini-jardins sur balcons et terrasses, vous donne ses conseils. L’ensoleillement est le premier critère qui oriente vos plantations. Qu’il soit faible ou trop abondant, il faut bien choisir ses plantes en fonction de l’exposition. Attention, les jardinières ne doivent jamais être installées à l’extérieur de la balustrade, en cas de chute, vous êtes responsable. Autre contrainte, le poids que peut supporter votre balcon ou terrasse. Cela dépend de l’immeuble, en moyenne, “pour une terrasse, la résistance est de 250 à 500?kg par m2, et pour un balcon, de 100?kg, près de la balustrade, à 300?kg, utilisez de préférence un terreau léger spécial plantations en pot”. Pour le choix des plantes, tout ou presque pousse en ville, tout dépend de l’ensoleillement et du temps à consacrer à vos plantations. “Les aromates sont faciles à cultiver. La tomate cerise est une grande star du balcon, mais l’on peut aussi installer un treillis et faire pousser des pois, des tomates …”.

potager urbain sur les toits de Brooklyn

Et sur les toits, ça se passe comment?

Souvent laissés à l’abandon, les toits peuvent accueillir des jardins partagés, gérés par les habitants de l’immeuble, ou des fermes commerciales – comme ils en existent à New York et à Chicago. Ces potagers, ruchers, parfois mini-élevages, permettent une production locale sans coût de transport. En France, peu de projets sont opérationnels, signalons le potager expérimental installé en haut de l’institut AgroParisTech. Armand Renard, cofondateur de “Toits Vivants”, agence pour l’aménagement et la végétalisation des toits, décrit ce mouvement “comme faisant partie de cette tendance du Do It Yourself qui permet aux gens de se réapproprier leur consommation et de sortir du tout marchand”.

Le cadre juridique en cinq points importants

  • Prendre contact avec son syndicat de copropriété, bailleur de fonds ou propriétaire, les informer et mettre en conformité votre projet avec le règlement.
  • Pour les petits espaces privés et communs de l’immeuble, voir le règlement de la copropriété.
  • Le règlement sanitaire départemental de Paris, datant de 1993, stipule que toute installation végétale doit être sécurisée et surveillée dans le temps par son propriétaire.
  • Pour les animaux, la législation n’est pas précise. Se renseigner auprès de sa mairie. En général, les poules sont autorisées, les abeilles aussi, à condition d’être assisté par des professionnels ou d’avoir suivi une formation.
  • La règle d’or : informer ses voisins, son syndicat, son propriétaire et être muni de leurs autorisations, puis s’engager à entretenir son jardin et à ne provoquer aucune nuisance.
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